Ile artificielle, Dubaï – Yann Arthus-Bertrand Photographie
Il y a cinquante ans, Dubaï comptait quelques maisons en pisé, un souk et un port accessible aux boutres qui sillonnaient le Golfe arabo-persique et la mer d’Oman. Enrichi grâce au pétrole des émirats voisins, cet Etat a orienté son économie vers l’accueil touristique et s’est lancé dans un programme de construction d’îles artificielles. En forme de palmier, Palm Jumeirah est la plus petite de ces trois îles en cours d’aménagement. Un croissant de 11 km est relié à l’extrémité du palmier par un tunnel sous-marin. Ce croissant, qui accueille des palaces et des hôtels de luxe, entoure un gigantesque palmier de sable composé d’un tronc long de 2 km, relié au continent par un pont, à partir duquel s’épanouissent 17 palmes destinées aux villas. Commencé en 2001, ce chantier a coûté près de 12 milliards de dollars, et est aujourd’hui quasiment achevé malgré la crise financière qui a amené en 2009 l’Emirat au bord de la faillite. Près de 94 millions de mètres cubes de sable ont été drainés du fond de la mer pour créer l’île, et 40 000 personnes ont participé à sa réalisation. Cette prouesse technique, réalisée grâce au travail d’ingénieurs néerlandais spécialisés dans la construction sur l’eau, n’aurait pas été possible sans l’emploi massif d’une main-d’œuvre « importée ». Dubaï compte près de 1,8 million d’habitants, dont 80 % de travailleurs immigrés et sous-payés. Dans cette cité-État non démocratique où les syndicats sont interdits, et plus largement dans les Émirats arabes unis, les conditions de travail sont qualifiées de « moins qu’humaines » par l’association Human Rights Watch.