Elevage de crevettes, Taïwan – Yann Arthus-Bertrand Photographie
La lagune de Tungkang, au sud-ouest de l’île de Taïwan, est quadrillée d’étangs saumâtres consacrés à l’aquaculture, notamment la crevetticulture, très lucrative. Pourfendant l’écume blanche issue des rejets de crevettes, cet aérateur oxygène l’eau des bassins d’élevage. La production mondiale de crevettes s’est fortement accrue depuis dix ans pour atteindre une moyenne annuelle de 1,5 million de tonnes. L’Asie, où la crevette tigrée constitue l’espèce prédominante, fournit 80 % de la production mondiale. La crevette nécessitant des eaux chaudes pour se développer, la crevetticulture s’est implantée sur les zones côtières tropicales, notamment à la place des mangroves, écosystèmes uniques et fragiles, refuges et lieux de ponte des poissons et des crustacés. De plus, les rejets importants des fermes intensives et les antibiotiques massivement utilisés polluent les milieux voisins. On estime ainsi que, dans certaines zones, pour 1 kg de crevettes élevées disparaissent 447 g de poissons et de crevettes provenant de l’écosystème naturel. Et cela au détriment des populations locales, à qui la crevetticulture intensive, destinée à l’exportation, ne profite pas.